Les tensions récentes avec la Russie ont poussé l’Occident à reconsidérer sa dépendance énergétique envers ce pays. Cette situation a catalysé la recherche de sources d’approvisionnement alternatives pour garantir la sécurité énergétique. Les pays occidentaux sont désormais plus enclins à investir dans des énergies renouvelables et à diversifier leurs fournisseurs pour minimiser les risques associés à la dépendance envers un seul acteur majeur. Alors que le monde cherche désespérément des solutions pour lutter contre le changement climatique, le Maroc pourrait bien être en passe de devenir un leader incontournable dans le domaine de l’hydrogène vert.
En investissant l’équivalent de 7% de son PIB dans ce secteur, le pays du Maghreb dépasse de loin les investissements comparables dans certains pays européens. Cet engagement financier témoigne d’une stratégie bien définie, visant à réduire la dépendance énergétique du Maroc de près de 88% à 35% d’ici 2040, et même à moins de 17% en 2050. Le Maroc n’est pas simplement un investisseur dans ce domaine, il a également des ressources naturelles pour soutenir cette ambition.
Le Maroc émerge ainsi comme un leader dans le domaine des énergies renouvelables en Afrique, visant à obtenir 52% de sa consommation d’électricité à partir de sources renouvelables d’ici 2030. Il a déjà signé un partenariat stratégique avec l’Allemagne pour le développement de l’hydrogène vert, bénéficiant d’un financement de 300 millions d’euros de la banque allemande de développement KfW, ce qui devrait faire du Maroc le premier producteur d’hydrogène vert en Afrique d’ici 2025.
Des atouts réels
Avec une moyenne de 3 000 heures d’ensoleillement par an et un potentiel éolien parmi les plus élevés du monde, le Maroc dispose de deux atouts majeurs pour la production d’hydrogène vert. D’ailleurs, sa proximité géographique avec l’Europe augmente son potentiel en tant que fournisseur clé d’énergie propre pour le continent. Mais l’ingéniosité marocaine ne s’arrête pas là.
En tant que deuxième plus grand producteur mondial de phosphate, le Maroc envisage de produire de l’ammoniac vert sans carbone. Cette démarche est une véritable innovation stratégique, car elle pourrait créer un cercle vertueux en stimulant à la fois le secteur énergétique et l’industrie du phosphate. Ce serait également une aubaine pour l’économie, améliorant le pouvoir d’achat, renforçant la compétitivité industrielle et consolidant la position du Maroc en tant que leader régional.
Des défis à surmonter
Bien entendu, des défis subsistent. Le pays est confronté à des pénuries d’eau exacerbées par le changement climatique. Le récent tremblement de terre qui a fait de nombreuses victimes pourrait également avoir des conséquences sérieuses sur les ambitions du pays dans divers domaines y compris celui de l’énergie renouvelable. Le Maroc envisage d’utiliser des usines de dessalement d’eau de mer pour produire de l’hydrogène vert, une solution soutenue par des investissements allemands. Cette stratégie pourrait également contribuer à atténuer les problèmes de pénurie d’eau, mais il reste à être vigilant pour assurer une gestion durable de cette ressource vitale.
Cependant, l’engagement du Maroc dans des projets concrets, tels que le programme du Groupe OCP, montre que le pays est sur la bonne voie. Le programme, qui vise à augmenter la production d’engrais et à atteindre la neutralité carbone avant 2040, s’inscrit parfaitement dans la vision plus large du Maroc en matière de développement durable. En combinant ces éléments, le Maroc est sur la bonne voie pour dominer le secteur de l’énergie renouvelable sur le continent africain et bien au-delà.