Au Bénin, l’effectif des familles monoparentales et celui des familles recomposées deviennent de plus en plus croissants. Alors que la famille représente la cellule principale de la formation de l’homme qui constitue la société, des Organisations non gouvernementales ont été mises en place pour la consolidation des familles. Interview avec Barnabé Agassoussi, président de l’Ong Foyer-Fifa.
1- Veuillez vous présenter et parlez nous de votre Ong
Je réponds au nom de Barnabé Agassoussi, président de l’Ong Foyer-Fifa en abrégé les 2F. Crée en 2020, l’Ong Foyer-Fifa a pour objectifs de sensibiliser et éduquer les foyers sur l’épanouissement des couples résoudre les conflits conjugaux et réduire le taux de divorces au Bénin, assister les foyers en difficultés sur les plans psychologiques, moraux et matériels et enfin à mettre en place des stratégies techniques de suivi et évaluation des couples en difficultés.
2- Qu’est-ce qui vous a motivé à orienter vos activités vers les foyers?
Il y a plusieurs raisons pour lesquelles l’Ong Foyer-Fifa s’est engagée à orienter ses activités vers les foyers, notamment la réalisation d’une mission ou d’un objectif spécifique. Notre Ong a pour mission ou objectif spécifique de travailler avec les familles ou les individus qui les composent, notamment pour améliorer leurs conditions de vie, leur santé ou leur bien-être, la compréhension de l’importance de la famille en tant qu’unité de base. l’Ong Foyer-Fifa reconnaît que la famille est l’unité de base de la société et que le bien-être des foyers est essentiel pour la stabilité et le développement de la communauté.
-La reconnaissance que les foyers sont des environnements importants de socialisation et de changement de comportement : Notre Organisation a compris que les foyers sont des environnements influents dans le cadre socialisation des individus et qu’intervenir auprès des familles peut jouer un rôle important pour promouvoir le changement de comportement.
Il est important de noter que travailler avec les foyers peut parfois être complexe, car il peut y avoir des défis sociaux et culturels qui varient en fonction de la région, de la classe socio-économique ou même des attitudes individuelles. Cependant, lorsque cela est bien fait, travailler avec les foyers peut avoir un impact significatif sur la vie des familles à court et à long terme.
3- Pourquoi les violences conjugales persistent t-elles en dépit de toutes les actions menées par l’Institut national de la Femme(Inf) les Ong et les dispositions légales prises par le gouvernement ?
Les violences conjugales persistent en dépit des actions menées par l’Inf, les Ong et les dispositions légales prises par le gouvernement pour plusieurs raisons complexes et multifactorielles. Tout d’abord, le tabou et la honte entourant les violences conjugales font que de nombreuses victimes ont peur ou honte de parler de leur expérience. Cela les empêche de demander de l’aide et de signaler les abus à temps. De plus, dans certains cas, les victimes peuvent développer une dépendance émotionnelle ou économique envers leur partenaire violent, ce qui les empêche de prendre des mesures pour se protéger. Les auteurs de violences conjugales peuvent également utiliser la menace, la manipulation, la coercition et la violence pour isoler les victimes de leur famille, de leurs amis et de leurs réseaux de soutien, rendant ainsi plus difficile pour les victimes de rechercher de l’aide ou de sortir de la situation.
En outre, il y a encore des stéréotypes de genre qui contribuent souvent à minimiser, justifier ou excuser les comportements violents des partenaires masculins envers les partenaires féminins. Les programmes et les politiques de lutte contre la violence conjugale doivent donc prendre en compte ces facteurs en mettant en place des stratégies de prévention et d’intervention qui visent à briser le silence, à renforcer l’autonomie des victimes et à sensibiliser l’opinion publique sur les conséquences néfastes de la violence conjugale.
4- Quelles anecdotes avez-vous à partager avec nous concernant les violences conjugales exercées sur la femme surtout sans emploi?
Les violences conjugales exercées sur les femmes sans emploi sont particulièrement fréquentes et graves dans de nombreux pays. En effet, les femmes sans emploi sont souvent financièrement dépendantes de leur partenaire, ce qui les rend vulnérables et empêche parfois leur départ. Dans certains cas, les femmes sans emploi subissent des violences pour avoir cherché un travail pour être plus autonomes, ce qui est une forme de violence économique. Les partenaires violents peuvent également les empêcher de chercher du travail ou de s’engager dans des formations.
Il est donc particulièrement important d’offrir un soutien direct aux femmes sans emploi pour les aider à sortir de cette situation difficile et à retrouver leur autonomie financière. Cela peut passer par l’orientation vers les structures et programmes d’aide, l’apprentissage de compétences professionnelles ou la recherche d’emplois adaptés à leur profil.
5- Comment accompagnez-vous ces femmes?
Il existe plusieurs manières d’accompagner les femmes qui subissent des violences conjugales au Bénin. Il faut les écouter et les soutenir en offrant une oreille attentive et un soutien moral aux femmes qui subissent des violences conjugales, écouter leurs histoires pour les aider à se sentir entendues et compris. Il faut les orientater vers les structures de prise en charge, orienter les victimes vers les structures de prise en charge (ex : centres d’accueil, associations de défense des droits des femmes, services sociaux, etc.) pour bénéficier de l’accompagnement spécialisé dont elles ont besoin.
Il s’agit aussi d’une assistance juridique qui consiste à aider les victimes à connaître et à défendre leurs droits, les aider à porter plainte, et les accompagner dans les procédures judiciaires.
Il faut un soutien psychologique qui consiste à proposer une assistance psychologique aux femmes qui subissent des violences conjugales, afin de les aider à surmonter le traumatisme et à se reconstruire.
En ce qui concerne l’autonomisation économique,il faut proposer des formations, des ateliers de sensibilisation ou des programmes favorisant l’autonomisation économique des femmes afin qu’elles puissent acquérir des compétences professionnelles et améliorer leur niveau de vie.
6- Qu’avez vous à dire pour conclure quant aux violences conjugales au Bénin?
Les violences conjugales au Bénin sont une réalité préoccupante. Selon les statistiques disponibles, de nombreuses femmes sont victimes de violences physiques, sexuelles et psychologiques de la part de leurs conjoints ou de leurs partenaires intimes. Ces violences ont des conséquences graves sur la vie des victimes, leur santé physique et mentale, leur développement personnel et leur capacité à contribuer pleinement à la société.
Il est nécessaire de poursuivre les efforts pour prévenir et lutter contre les violences conjugales au Bénin. Cela implique de sensibiliser davantage l’opinion publique sur les conséquences néfastes de la violence conjugale, de renforcer les mesures de protection des victimes, de poursuivre les auteurs de violences et de leur imposer des sanctions dissuasives, et de mettre en place des programmes de soutien et de réinsertion pour les victimes de violences conjugales. C’est un défi complexe, mais ensemble, avec engagement et diligence de tous les acteurs de la société, nous pouvons contribuer à briser le silence et à mettre fin aux violences conjugales au Bénin.