La subvention des engrais contribue au bien être des ménages au Bénin

Au Bénin, le développement de l’agriculture est confronté à de multiples contraintes allant des perturbations climatiques à la baisse de la fer lité des sols, en passant par la faible utilisation d’engrais minéraux et des outils et pratiques agricoles inadaptés. Soutenir l’approvisionnement en engrais peut contribuer à la sécurité alimentaire et à l’amélioration des moyens de subsistance. À l’aide d’une Matrice de Comptabilité Sociale (MCS) de 2019 pour le Bénin, le modèle économique STAGE a été utilisé pour simuler une subvention publique des engrais versée aux agriculteurs à hauteur de 23 % du prix du marché dans deux scénarii.

La faim augmente dans presque tous les pays africains, avec une prévalence de la sous-alimentation de près de 20 % (PNUD, 2021). La nécessité d’améliorer la productivité agricole est donc réelle. La fertilité des sols et un apport suffisant en nutriments sont des ingrédients importants pour améliorer cette productivité.

L’agriculture est le socle de l’économie béninoise. Elle emploie environ 50 % des travailleurs et contribue respectivement à hauteur de 28%, 77% et 15% au Produit Intérieur Brut (PIB), aux recettes d’exportation et aux recettes publiques (MAEP, 2020). En outre, l’agriculture est importante pour le développement des secteurs secondaire et tertiaire grâce à sa production des matières premières (Bjornlund et al., 2020). La population du Bénin augmente et, pour répondre à la demande croissante de produits agricoles, les agriculteurs intensifient leur production en raccourcissant les périodes de jachère. Cela diminue la capacité naturelle de régénération de la fertilité des sols (Westerberg et al., 2017).

En outre, les pratiques agricoles inappropriées et le changement climatique diminuent la productivité des sols et contribuent à la dégradation des terres, à l’insécurité alimentaire et aux conflits entre agriculteurs et éleveurs (Honfoga, 2018). Selon les statistiques nationales, les rendements agricoles ont considérablement diminué ces dernières années pour toutes les cultures, à l’exception des cultures maraîchères telles que les tomates et les piments. Dans le même temps, la production agricole a considérablement augmenté en raison d’une très forte hausse des surfaces emblavées au détriment des forêts et d’autres zones appartenant à l’État.

En réponse à ces préoccupations, des stratégies ont été développées par les producteurs et les institutions de recherche-développement (Yabi et al., 2016), notamment des techniques améliorées de gestion de l’eau et des sols (Sigue et al., 2018). Parmi ces stratégies, les techniques de fertilisation sont importantes pour améliorer la productivité agricole (Gerber, 2016). Dans le système agricole actuel, il est difficile d’augmenter les rendements sans accroître l’utilisation d’engrais.

Bien que les engrais soient l’un des principaux intrants agricoles, leur utilisation reste inférieure à l’objectif fixé dans la Déclaration de Malabo (juin 2014), à savoir « appliquer au moins 50 kg/ha d’éléments nutritifs sur les terres arables ». Dans cette déclaration, les dirigeants africains se sont engagés à accélérer l’accès des agriculteurs à des engrais abordables et à augmenter le niveau d’utilisation des engrais. Au Bénin, la quantité moyenne d’éléments nutritifs appliquée par hectare était d’environ 45 kg en 2019 (MAEP, 2020).

Au Bénin, les prix des engrais livrés aux agriculteurs sont restés stables à environ 240 francs CFA par kg pendant de nombreuses années. Ce prix payé par les agriculteurs pour obtenir des engrais a été soutenu par une subvention gouvernementale de 33% du prix du marché avant 2020. Plusieurs crises en 2008 (inflation mondiale), 2019 (Covid 19), et 2021 (invasion russe en Ukraine) ont conduit le gouvernement à augmenter les dépenses pour les subventions d’engrais. D’autre part, depuis les années 1990, la libéralisation du marché est considérée comme éliminant les inefficacités et les pertes de bien-être causées par les subventions. La littérature sur l’effet des subventions des engrais dans les pays en développement est controversée. Les deux courants de pensée sur les subventions des engrais en Afrique sont résumés dans le tableau 1.


Cet article montre qu’une subvention des engrais ciblant les cultures vivrières entraîne une forte augmentation de la production vivrière et une forte baisse des prix de ces produits. Par conséquent, une telle politique rendrait les produits vivriers plus accessibles et améliorerait la sécurité alimentaire. Cela suggère que pour améliorer le niveau de sécurité alimentaire au Bénin, le gouvernement pourrait cibler les subventions des engrais destinés aux cultures vivrières.

Le ciblage de toutes les cultures par une subvention aux engrais se traduit par des effets plus importants sur les exportations, mais par des effets plus faibles sur la production vivrière. Cela suggère que pour assurer des entrées plus importantes de devise étrangère dans le pays, le gouvernement pourrait cibler toutes les cultures. En outre, ce scénario est plus favorable aux

Effets de la subvention des engrais sur l’agriculture et le bien-être des ménages au Bénin pauvres en termes d’effets sur le bien-être, car les prix des facteurs de production détenus par les ménages pauvres augmentent plus.

Pour réaliser pleinement l’effet positif démontré dans cet article, le système de distribution des engrais ainsi que les services de vulgarisation doivent être efficaces pour garantir que les engrais atteignent les agriculteurs ciblés et que ces agriculteurs ont la capacité d’utiliser les engrais de manière efficace. Il serait donc important d’améliorer l’efficacité et l’efficience du système actuel de distribution d’engrais au Bénin. En outre, le gouvernement pourrait peut-être améliorer l’accessibilité et l’efficacité des services de conseils agricoles et de la formation professionnelle agricole.

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24 avril 2024 par Ignace B. Fanou,
Marc Mensah

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