L’expulsion récente de deux journalistes français, Quentin Müller et Thérèse Di Campo, a suscité des réactions tant au Maroc qu’en France. Les deux journalistes, qui travaillaient sur un article concernant les autorités et le système sécuritaire du Maroc, ont été interpellés à leur hôtel à Casablanca. Sans explication préalable, ils ont été emmenés dans la nuit de mardi à mercredi à l’aéroport par des hommes en civil et expulsés du pays, selon les déclarations de Quentin Müller. Ils étaient sur place depuis cinq jours et avaient mené des enquêtes sur des sujets sensibles, dont le roi Mohamed VI, et avaient rencontré des personnalités marocaines considérées comme surveillées.
Cette expulsion intervient dans un contexte particulièrement tendu entre le Maroc et la France. Plusieurs organisations, dont Reporters sans frontières (RSF), ont rapidement dénoncé cette action comme étant une atteinte à la liberté de la presse. Le climat est déjà délicat suite à des divergences dans la couverture médiatique du récent tremblement de terre à Marrakech. Le Conseil national de la presse du Maroc (CNP) a même adressé une plainte au Conseil de déontologie journalistique et de médiation français (CDJM), concernant des publications dans les journaux Charlie Hebdo et Libération.
Des relations déjà difficiles
Au-delà de l’expulsion des journalistes et de la couverture médiatique de récents événements, les relations bilatérales entre le Maroc et la France connaissent des tensions croissantes. En toile de fond, il y a également des désaccords sur plusieurs autres questions. Par exemple, le Maroc a exprimé des frustrations relatives à des problèmes comme les restrictions de visas, ainsi que sur la genèse et la promotion de l’affaire Pegasus, un scandale d’espionnage international. Ces éléments se sont ajoutés à une liste déjà longue de sujets de discorde entre les deux nations.
En parallèle, le Maroc se tourne de plus en plus vers l’anglais dans son système éducatif. Une réforme majeure annoncée en mai 2023 prévoit d’élargir l’enseignement de l’anglais au niveau collégial. Cette mesure, qui vise à promouvoir le plurilinguisme, pourrait également être interprétée comme un signe des changements dans les relations entre le Maroc et les pays francophones, en particulier la France. Il reste à voir comment ces tensions continueront à évoluer et quel impact elles auront sur les relations entre le Maroc et la France à l’avenir.
Des tensions au-delà du Maroc
Au-delà du Maroc, la France a maille à partir avec plusieurs pays africains notamment, l’Algérie, le Mali, le Burkina et tout récemment le Gabon. Dans les pays du Sahel, les coups d’état ont vu venir au pouvoir des régimes très critiques envers la France. Des erreurs diplomatiques du côté français ont contribué à envenimer la situation. Du côté algérien, les tensions issues du passé colonial continuent de hanté la relation entre les deux pays.