Au cœur de l’Afrique de l’Ouest, le Nigeria opère un tournant majeur dans sa politique minière. Sous l’impulsion du Président Bola Ahmed Tinubu, le pays envisage désormais de valoriser ses minéraux sur son sol plutôt que de les exporter à l’état brut. Cette vision, bien que récente, est déjà en train de façonner le paysage industriel du Nigeria.
Le Président Tinubu voit au-delà de la simple économie. Il perçoit la transformation locale des minéraux comme une opportunité de taille pour l’emploi, en particulier pour la jeunesse nigériane. En mettant fin à l’exportation de minéraux bruts, le pays espère également limiter ses pertes économiques tout en renforçant son expertise technologique. Les opportunités sont vastes, d’autant plus que le Nigeria regorge de minéraux précieux, notamment le lithium, élément clé des batteries modernes.
Une décision importante pour le pays
Ces nouvelles orientations ont été mises en avant lors de la Nigerian Mining Week à Abuja. M. Dele Alake, Ministre du Développement des Minéraux Solides, a souligné l’importance de cette transition et évoqué des initiatives concrètes pour inciter les entreprises à s’aligner sur cette nouvelle politique. La stratégie s’articule autour de l’incitation à investir dans la transformation locale. Un exemple marquant est l’initiative de Ganfeng Lithium Industry Ltd., une firme chinoise qui investit 250 millions de dollars dans une usine de traitement du lithium à Nasarawa.
Mais ce changement ne concerne pas uniquement les entreprises étrangères. De nombreuses entreprises nigérianes adaptent déjà leurs modèles économiques à cette nouvelle réalité, réorientant leurs activités pour répondre aux exigences de la transformation locale. Le message est clair : le Nigeria est déterminé à s’industrialiser davantage et à exploiter pleinement ses ressources.
Un investissement conséquent pour y parvenir
Le gouvernement ne ménage pas ses efforts pour accompagner cette transition. Il investit notamment dans la collecte de données pour moderniser l’industrie minière. Le Projet National Intégré d’Exploration Minérale (NIMEP) est un témoignage de cet engagement, avec un budget de plus de N15 milliards sur sept ans.
En somme, le Nigeria, fort de ses ressources et de sa vision claire, s’oriente vers un avenir où il pourrait bien devenir un acteur clé dans la chaîne de valeur mondiale des minéraux. La transition est en marche, et le potentiel est immense.
Une tendance globale sur le continent
Après le Zimbabwe qui, il y a six mois, a cessé d’exporter son lithium brut pour valoriser sa richesse minière, le Mali a décidé de suivre cette voie en mettant fin à ses exportations de lithium non transformé. Le Mali envisage de fournir du concentré de lithium à partir de 2024, en capitalisant sur l’importante mine de Goulamina dans la région de Kayes. Cette décision vise à renforcer la valeur ajoutée de leurs exportations face à une demande mondiale croissante pour le lithium, composant clé des batteries des véhicules électriques et smartphones.
Le Zimbabwe, malgré sa position de cinquième producteur mondial de lithium, a enregistré d’importantes pertes financières en vendant du lithium brut. Toutefois, en orientant ses efforts vers la création d’une industrie locale de batteries, il offre une feuille de route pour d’autres nations productrices. Face à l’augmentation de la demande mondiale de lithium, les pays africains ont une opportunité unique de promouvoir leur développement industriel, d’augmenter leurs revenus et de renforcer leur position sur le marché international en transformant localement ce métal précieux.