Le nucléaire, depuis sa découverte, s’est imposé comme une pièce maîtresse de la stratégie militaire mondiale. Symbolisant à la fois une puissance de dissuasion et un potentiel de destruction massive, il est devenu un outil indispensable pour les nations cherchant à renforcer leur influence et leur sécurité sur la scène internationale. Pendant des décennies, l’hégémonie occidentale, menée par les États-Unis et leurs alliés européens, a dominé ce domaine, établissant les normes, les traités et, en grande partie, le discours autour de la prolifération nucléaire.
Cependant, à l’aube du XXIe siècle, cette hégémonie est mise à l’épreuve. Des puissances montantes, en particulier la Chine, investissent massivement dans leur programme nucléaire, tant pour moderniser leur arsenal existant que pour développer de nouvelles capacités. Ce rééquilibrage progressif des puissances nucléaires suggère une bascule potentielle de l’hégémonie, avec l’Occident devant désormais composer avec d’autres acteurs clés déterminés à redéfinir les règles du jeu géopolitique mondial.
Des inquiétudes au Pentagone
La prolifération nucléaire en Asie prend une tournure inattendue et inquiétante. Un récent rapport du Pentagone met en lumière un accroissement rapide de l’arsenal nucléaire chinois, bien supérieur aux prévisions antérieures. Cette progression est considérée par de nombreux analystes comme une manifestation tangible des ambitions géopolitiques du président chinois, Xi Jinping. Pour Washington, Pékin est «le seul rival qui ait la volonté et, de plus en plus, la capacité de changer l’ordre international». De son côté, la Chine s’estime menacée par la «politique d’encerclement» des USA
Les USA estiment que la Chine pourrait avoir dans un avenir proche jusqu’à 1000 têtes nucléaires, un objectif supérieur aux prévisions américaines jusque-là. L’administration Biden appelle la Chine à plus de transparence puisque Pékin ne communique pas sur ce dossier sensible. Les activités de la Chine ne sont cependant pas isolées. Des images satellites ont mis en évidence des mouvements similaires en Russie et aux États-Unis. Ces images montrent une augmentation des activités sur leurs sites d’essais nucléaires, avec notamment la construction de nouvelles installations et de tunnels. Si ces activités ne signalent pas nécessairement des essais nucléaires imminents, elles témoignent néanmoins d’un contexte géopolitique tendu.
La Chine jugée agressive
L’implication de la Chine dans ces développements est particulièrement préoccupante pour les stratèges américains. Outre son renforcement nucléaire, le pays a montré une agressivité accrue dans sa politique extérieure, en particulier envers Taïwan, et dans ses manœuvres aériennes en Asie-Pacifique. Cette combinaison de militarisation et de diplomatie agressive évoque une stratégie plus large de Pékin pour remodeler l’équilibre du pouvoir en Asie.
Néanmoins, malgré ces développements inquiétants, des efforts sont en cours pour maintenir le dialogue. Washington a initié plusieurs visites de haut niveau à Pékin ces derniers mois, bien que la communication directe au sommet reste un point de discorde. Alors que le 21e siècle promettait une ère de coopération et de désarmement, il semble que nous soyons témoins d’une nouvelle course aux armements nucléaires.