Les ambitions transatlantiques d’acquisition ont récemment rencontré un mur réglementaire sur le territoire français. Les tentatives de l’entreprise américaine Flowserve d’acquérir les sociétés Segault et Velan SAS, acteurs clés dans la robinetterie spéciale pour sous-marins et centrales nucléaires, ont été freinées par l’intervention du gouvernement français. Ce dernier, sous l’égide du ministre de l’Économie, Bruno Le Maire, a souligné les risques associés à l’acquisition et a exprimé une méfiance notable vis-à-vis de cette initiative étrangère dans un secteur stratégique.
Le refus français de sanctionner cette acquisition n’est pas un acte isolé, mais s’inscrit dans une volonté plus large d’autonomie stratégique prônée par le Président Emmanuel Macron il y a quelques mois déjà. Il a en effet souligné l’importance pour l’Europe de minimiser sa dépendance vis-à-vis des puissances extérieures, notamment les États-Unis et la Russie. Cette démarche vise à consolider le secteur de la défense, élaborer des politiques industrielles robustes, et diversifier les sources d’approvisionnement énergétique. Des initiatives comme le Chips Act, le Net Zero Industry Act et le Critical Raw Material Act ont été citées comme des jalons vers l’autonomie européenne.
Un changement de paradigme
L’historique de Velan et Segault en France a également joué un rôle dans la réticence française à approuver l’acquisition. Velan avait acquis Segault en 2007 sans opposition, mais l’accord avec Flowserve a suscité des préoccupations, soulignant un changement dans la perception des investissements étrangers, surtout venant d’acteurs américains. La législation sur les Investissements Étrangers en France (IEF) s’active dès qu’un acteur non européen souhaite acquérir une part significative dans des entreprises françaises opérant dans des secteurs jugés sensibles.
Cette affaire met en lumière la nouvelle rigueur des réglementations françaises concernant le contrôle des investissements étrangers dans des domaines clés. La décision de refuser cette acquisition a non seulement empêché le rachat global du groupe Velan par Flowserve, mais a également envoyé un signal fort sur la position de la France vis-à-vis des investissements étrangers dans des secteurs stratégiques.
Pas un simple refus
Les implications de cette opposition vont au-delà du simple refus d’une acquisition. Elle témoigne de la méfiance croissante de la France envers les investissements américains dans des secteurs liés à la sécurité nationale et l’industrie nucléaire. Les entreprises Segault et Velan SAS, en fournissant des composants essentiels pour les infrastructures nucléaires et maritimes, sont des pièces maîtresses dans le paysage industriel français, et leur contrôle par des entités étrangères peut présenter des risques pour l’autonomie stratégique du pays.
L’opposition de la France à cette acquisition sert d’exemple concret de la manière dont les préoccupations en matière de sécurité nationale et d’autonomie industrielle peuvent influencer les relations économiques internationales. Elle souligne également l’importance d’une réglementation solide pour garantir que les investissements étrangers alignent avec les intérêts nationaux et européens, et pose la question de l’équilibre entre l’ouverture économique et la préservation des intérêts stratégiques dans un monde globalisé.