Villages afro en Russie : le projet violemment contesté par des citoyens

La Russie étend de plus en plus son influence sur le continent africain. En Afrique de l’Ouest par exemple, avec la survenue des coups d’État, Moscou tisse minutieusement sa toile. Les populations de ces régions de l’Afrique appellent à un renforcement de la coopération avec la Russie et la mise à l’écart du partenariat avec la France. En juillet dernier, lors du sommet Russie-Afrique à Saint-Pétersbourg, Vladimir Poutine a lancé une véritable opération de charme à l’endroit des dirigeants africains. Il a rappelé les ambitions russes pour l’Afrique et du partenariat fructueux qui pourraient s’établir entre son pays et le continent.

Konstantin Klimenko, le recteur de l’Université internationale eurasienne a fait une proposition inédite durant ce sommet Russie-Afrique. Il s’agit d’un projet qui a pour but d’accueillir des migrants africains en Russie dans le cadre d’un partenariat stratégique. Konstantin Klimenko est même allé plus loin en signifiant qu’il serait possible de créer un village spécialement pour les Africains dans la région éloignée sibérienne des Khantys-Mansis, près de la commune de Yugra. Cependant, il faut dire que ce projet n’a pas été du tout bien accueilli par les populations russes de cette zone. Sur les réseaux sociaux notamment, les internautes ont exprimé leur totale désapprobation avec des mots très forts. « Nous, peuple de Russie, sommes catégoriquement opposés à la colonisation de nos terres par des migrants en provenance de pays africains. (…) Nous pensons qu’il faut avant tout assurer des conditions de vie décentes aux peuples autochtones de Russie » ont déclaré certains internautes russes.

L’on se rappelle qu’au cours du sommet Russie Afrique, Poutine n’a pas été tendre avec l’occident qu’il accuse de vouloir freiner l’émancipation de l’Afrique. Ainsi donc, le concept d’afros village doit donner un nouveau souffle aux zones rurales russes qui manquent de main-d’œuvre notamment dans le domaine de l’Agriculture et de l’Élevage. Sur la toile, certains citoyens russes ont exprimé leurs hostilités envers le projet avec des déclarations à caractère racistes. Des ONG russes se sont insurgées face à ces réactions et elles ont pointé du doigt les préjugés racistes dont sont victimes les populations Africaines, du Caucase ou d’Asie Centrale. D’après un sondage réalisé par le centre analytique russe Levada, une grande partie de la population russe serait contre l’idée de vivre, travailler ou se marier avec des étrangers d’origine africaine, rom ou asiatique.

Face au tollé qu’à susciter le projet de village afro, l’initiateur dudit projet, Konstantin Klimenko a laissé entendre que les afro villages accueilleraient uniquement des « Africains blancs ». Qui sont ces Africains blancs ? Selon le recteur de l’Université internationale eurasienne, il s’agit de Boers d’Afrique du Sud qui auraient la volonté de vendre leurs fermes et de venir s’installer en Russie. L’intellectuel russe affirmera ceci : « De nombreux Africains sont attirés par l’orthodoxie. Ils sont attirés par notre pays qui offre un mode de vie moral et spirituel élevé et des valeurs familiales traditionnelles. Ces migrants blancs installeront des industries, des petites entreprises ».

Il ya quelques semaines, la première pierre du projet afro village a été posée à Tver, au nord-ouest de Moscou en présence de diplomates sud-africains. Konstantin Klimenko a notifié que l’objectif est d’établir 30 colonies en Russie pour les Africains qui souhaitent immigrer et d’ajouter que le projet pourra bénéficier aux ressortissants de tout le continent africain. Face à la grogne populaire, il avait pourtant affirmé que seuls les Boers d’Afrique du Sud pourront venir s’installer dans ces afro villages. Konstantin Klimenko va-t-il piloter cette vision en fonction de la direction prise par l’opinion russe ? On le saura dans les mois et années à venir.

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